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La petite mort France, 1995, 35 mm, 26 min.
Réalisation : François Ozon Scénario : François Ozon, Didier Blasco Photographie : Guillaume Collanges Montage : Frédéric Massiot Son : Katia Bouting, Benoît Hillebrant Interprètes: François Delaive, Camille Japy, Martial Jacques, Michel Beaujard. Producteurs : Olivier Delbosc, Marc Missonnier Production : Fidélité Productions |
Je n'aime pas beaucoup ce film parce qu'il me semble trop scénarisé et trop bouclé. Le passage du scénario au film n'a pas apporté grand chose. L'envolée qui s'est produite plus tard sur le tournage d' Une robe d'été n'a pas eu lieu sur ce film.
J'avais repris ici des éléments en germe dans Victor, mais je les ai traités sans distance ni ironie, de manière très frontale, et peut-être maladroite. Avec le temps, la volonté de sincérité et de mise à nu du film me paraît un peu obscène. Il y a forcément des choses de moi que je n'ai pas envie de voir.
Je m'en veux d'avoir fait une erreur de casting concernant le personnage de l'amant. Je voulais jouer sur un physique stéréotypé tout en le rendant humain, avec un apport de joie de vivre et d'humour. Mais le cliché a été le plus fort. C'est un personnage qui ne vit pas et ne change pas à l'écran, alors que le scénario le faisait évoluer de l'ironie, de la distanciation à une attitude plus engagée, plus paternelle. Ce personnage devait apprendre à aller vers l'autre, à dépasser son narcissisme par amour. Alors que là, il apparaît avant tout préoccupé par ses muscles et sa coiffure. Un acteur plus vieux et moins beau aurait certainement mieux convenu pour ce rôle.
Les moments les plus réussis me semblent ceux dans le labo-photo. Les teintes rouges, le liquide, le torse nu du garçon et cette espèce d'accouchement de photos arrivent à capter l'intériorité du personnage.
J'aime d'ailleurs que ce soit par leurs actes plus que par leurs mots que mes personnages vivent à l'écran. le personnage de la soeur de Paul était donc très différent de ceux que j'ai l'habitude de traiter, mais j'avais vraiment envie pour ce film, sur le manque de communication, de m'offrir un long monologue sue le fil du rasoir qui viendrait rompre avec les silences précédents.
François Ozon
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